mardi 16 septembre 2008

Le langage dans son plus simple appareil

L’intérêt de la «Contribution à la conception des aphasies» ne s’épuise pas dans le rapprochement fait entre une conception de l’appareil du langage datant de la fin du XIXe siècle et les découvertes actuelles sur les neurones miroirs. Il réside également dans les prolongements que les thèses qui y sont exposées ont pu avoir dans le développement ultérieur de la théorie psychanalytique.
«Appareil du langage» est une expression qui revient souvent dans le texte de FREUD et elle ne peut manquer d’évoquer celle d’ «appareil psychique» que l’on retrouve ensuite tout au long de son œuvre, par exemple dans l’ «Esquisse d’une psychologie scientifique» ou encore dans le chapitre 7 de «L’interprétation des rêves» et jusque dans ses tous derniers écrits tels que «L’abrégé de psychanalyse». Elle est étroitement liée au point de vue topique de la métapsychologie freudienne.
La découverte du neurone en tant qu’unité fonctionnelle du système nerveux est contemporaine des premiers écrits de FREUD, lequel s’empare de ces données récentes de la neurologie ; s’appuyant dessus, il propose ce schéma qui concerne le langage aussi bien sur son versant réceptif que sur son versant expressif et dans ses modalités verbale et écrite – il ne faut donc pas s’étonner d’y voir figurer le bras qui participe à l’écriture. Il est également précisé que ce schéma ne correspond pas à des localisations anatomiques précises, mais qu’il vient figurer une organisation fonctionnelle. L’expression clinique des troubles du langage varie selon que la lésion cérébrale touche telle ou telle interconnexion, telle aire associative…

Dans les développements qui suivent, je précise qu’il n’est nullement dans mes intentions de réveiller les vieilles querelles qui divisent de longue date les psychanalystes en différentes écoles. De mon point de vue, ces derniers ont actuellement suffisamment à faire pour répondre à leurs détracteurs extérieurs à la discipline sans qu’ils ne s’épuisent dans des querelles internes.
Ceci dit, quel que soit l’intérêt porté aux thèses lacaniennes, avec en particulier la célèbre formule d’un inconscient «structuré comme un langage», et quel que soit le degré d’adhésion qu’on leur accorde, il est assez évident que la lecture de l’œuvre freudienne renvoie de façon récurrente à la question du langage. On peut citer à titre d’exemple «La psychopathologie de la vie quotidienne» avec son étude sur l’oubli de nom, les lapsus… et «Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient», les traits d’humour reposant fréquemment sur des jeux de mots, sur l’équivoque née du double sens qu'ils recèlent…
En quoi la question du langage est-elle cruciale pour la psychanalyse ? En premier lieu, tout simplement parce que le principe essentiel de la cure repose sur l’écoute de la parole du patient… il s’agit d’une «talking cure» pour reprendre les termes d’une des premières patientes de FREUD. L’importance du traité sur les aphasies n’en ressort que davantage. Il est à retenir le rapport qui y est posé entre représentation de mots (l’image acoustique) et représentation de choses (le concept), des notions qui seront plusieurs fois reprises par FREUD et qui peuvent également être associées aux conceptions lacaniennes du signifiant et du signifié.

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