Non, non, je vous rassure, je ne suis pas en proie à une grave confusion mentale et en train de m’embrouiller dans mes références… Au risque de me montrer provocateur, une fois de plus peut-être, j’avancerais ici que Jean-Pierre CHANGEUX, le véritable auteur de «L’homme neuronal», avait un illustre prédécesseur en la personne du père de la psychanalyse.
Il n’est sûrement pas utile de rentrer dans le détail des réflexions de FREUD autour de sa conception de l’appareil neuronique et nous nous contenterons d’en indiquer les grandes lignes qui peuvent être illustrées par le schéma ci-dessus extrait de L'esquisse.
Le premier point à considérer, c’est que l’unité fonctionnelle qui est ici individualisée correspond à la cellule nerveuse alors que dans le traité sur les aphasies, on se rappelle que la physiologie était envisagée à une échelle supérieure, soit celle des aires du cortex cérébral. Le second point est d’ordre énergétique, l’activité du système nerveux étant rapportée à une circulation d’énergie le long des fibres nerveuses. Le dernier point renvoie au fait que ce flux énergétique doit franchir une barrière de contact pour passer d’un neurone à l’autre. Ces trois points correspondent bien évidemment aux définitions du neurone, de l’influx nerveux et de la synapse dont l’étude a été très largement développée depuis.
Le fonctionnement du système nerveux serait sous-tendu, selon FREUD, par un principe d’inertie et un principe de constance. Le premier vise à réduire le flux énergétique parvenant au système nerveux, toute excitation conduisant à une décharge, sur le modèle de l’arc réflexe ; le second vise à ramener le niveau énergétique à un niveau constant et le plus faible possible, lequel principe peut se rapprocher des notions plus modernes d’autorégulation et d’homéostasie. Dans la théorie psychanalytique, principe d’inertie rattaché aux processus primaires et principe de constance rattaché aux processus secondaires sont, sinon équivalents, du moins corrélés au principe de plaisir et au principe de réalité.
FREUD pointe une contradiction dans le fonctionnement du système nerveux et il s’efforce de dégager un modèle qui permette de la surmonter : pour maintenir une réceptivité équivalente aux diverses perceptions, le système nerveux doit se trouver dans une configuration constante ; par contre, le fait de garder en mémoire les excitations auxquelles il a été soumis doit se traduire par une modification durable à son niveau. Le dépassement de cette contradiction conduit FREUD à différencier deux systèmes : le premier qu’il nomme le système φ se rapporte aux perceptions ; le second, le système ψ est dédié à la mémoire. Les neurones φ sont perméables, n’offrent pas de résistance au flux énergétique qu’ils transmettent en intégralité, se retrouvent donc inchangés après avoir été soumis à une excitation et de ce fait conservent dans le temps la même disposition pour réagir à de nouvelles excitations. A l’inverse, les neurones ψ offrent une résistance au flux énergétique et se trouvent modifiés après son passage : il y a à leur niveau la possibilité d’inscription d’une trace, ce que FREUD désigne du terme de frayage.
Selon la définition du Vocabulaire de la psychanalyse de LAPLANCHE et PONTALIS :
«Terme utilisé par Freud lorsqu’il donne un modèle neurologique du fonctionnement de l’appareil psychique (1895) : l’excitation, dans son passage d’un neurone à l’autre, doit vaincre une certaine résistance ; lorsqu’un tel passage entraîne une diminution permanente de cette résistance, on dit qu’il y a frayage : l’excitation choisit la voie frayée de préférence à celle qui ne l’est pas».
Une définition équivalente se retrouve dans le Dictionnaire international de la psychanalyse sous la direction d’Alain de MIJOLLA
«On appelle "frayage" le passage répété par une même voie d’une excitation qui entraîne une diminution permanente de la résistance à la progression de l’excitation qui devient ainsi la voie préférée des nouvelles excitations».
Il n’est sûrement pas utile de rentrer dans le détail des réflexions de FREUD autour de sa conception de l’appareil neuronique et nous nous contenterons d’en indiquer les grandes lignes qui peuvent être illustrées par le schéma ci-dessus extrait de L'esquisse.
Le premier point à considérer, c’est que l’unité fonctionnelle qui est ici individualisée correspond à la cellule nerveuse alors que dans le traité sur les aphasies, on se rappelle que la physiologie était envisagée à une échelle supérieure, soit celle des aires du cortex cérébral. Le second point est d’ordre énergétique, l’activité du système nerveux étant rapportée à une circulation d’énergie le long des fibres nerveuses. Le dernier point renvoie au fait que ce flux énergétique doit franchir une barrière de contact pour passer d’un neurone à l’autre. Ces trois points correspondent bien évidemment aux définitions du neurone, de l’influx nerveux et de la synapse dont l’étude a été très largement développée depuis.
Le fonctionnement du système nerveux serait sous-tendu, selon FREUD, par un principe d’inertie et un principe de constance. Le premier vise à réduire le flux énergétique parvenant au système nerveux, toute excitation conduisant à une décharge, sur le modèle de l’arc réflexe ; le second vise à ramener le niveau énergétique à un niveau constant et le plus faible possible, lequel principe peut se rapprocher des notions plus modernes d’autorégulation et d’homéostasie. Dans la théorie psychanalytique, principe d’inertie rattaché aux processus primaires et principe de constance rattaché aux processus secondaires sont, sinon équivalents, du moins corrélés au principe de plaisir et au principe de réalité.
FREUD pointe une contradiction dans le fonctionnement du système nerveux et il s’efforce de dégager un modèle qui permette de la surmonter : pour maintenir une réceptivité équivalente aux diverses perceptions, le système nerveux doit se trouver dans une configuration constante ; par contre, le fait de garder en mémoire les excitations auxquelles il a été soumis doit se traduire par une modification durable à son niveau. Le dépassement de cette contradiction conduit FREUD à différencier deux systèmes : le premier qu’il nomme le système φ se rapporte aux perceptions ; le second, le système ψ est dédié à la mémoire. Les neurones φ sont perméables, n’offrent pas de résistance au flux énergétique qu’ils transmettent en intégralité, se retrouvent donc inchangés après avoir été soumis à une excitation et de ce fait conservent dans le temps la même disposition pour réagir à de nouvelles excitations. A l’inverse, les neurones ψ offrent une résistance au flux énergétique et se trouvent modifiés après son passage : il y a à leur niveau la possibilité d’inscription d’une trace, ce que FREUD désigne du terme de frayage.
Selon la définition du Vocabulaire de la psychanalyse de LAPLANCHE et PONTALIS :
«Terme utilisé par Freud lorsqu’il donne un modèle neurologique du fonctionnement de l’appareil psychique (1895) : l’excitation, dans son passage d’un neurone à l’autre, doit vaincre une certaine résistance ; lorsqu’un tel passage entraîne une diminution permanente de cette résistance, on dit qu’il y a frayage : l’excitation choisit la voie frayée de préférence à celle qui ne l’est pas».
Une définition équivalente se retrouve dans le Dictionnaire international de la psychanalyse sous la direction d’Alain de MIJOLLA
«On appelle "frayage" le passage répété par une même voie d’une excitation qui entraîne une diminution permanente de la résistance à la progression de l’excitation qui devient ainsi la voie préférée des nouvelles excitations».
Selon une mention faire par Josef BREUER dans Les études sur l’hystérie, la notion de «frayage attentionnel» est retrouvée chez Sigmund EXNER en 1894 et FREUD a pu s’en inspirer. Le concept de frayage ne sera qu’assez peu repris ultérieurement, uniquement dans L’interprétation des rêves et dans Au-delà du principe de plaisir. Il est toutefois intéressant de s’y attarder en le rapprochant de ce qui est actuellement décrit sous le terme de «plasticité cérébrale» et qui vient confirmer le rôle essentiel des expériences vécues dans l’organisation cérébrale et son remodelage permanent, considérations qui vont tout naturellement nous conduire à l’ouvrage de Jean-Pierre CHANGEUX.