jeudi 9 septembre 2010

Les principes de PEETERS

Malgré le mauvais temps, les grèves et les manifestations, la conférence du 07/09/2010 de Théo PEETERS "Autisme : de la compréhension théorique vers l’intervention éducative" a rassemblé autour de 400 personnes selon nos propres estimations, celles de la police ne nous ayant pas été communiquées.
La très belle salle de "L’Atelier" à Villefranche sur Saône a accueilli de nombreux participants venus des plusieurs départements de la région : professionnels issus de différents horizons – institutions médico-sociales, éducation nationale, secteur de la santé… mais également de nombreux parents d’enfant autiste.
Cette manifestation était organisée par l’APAJH* avec l’implication de l’ensemble de l’équipe du SESSAD** S’Calade et le soutien du Centre de Ressource Autisme de la région Rhône-Alpes et de l’association ARA (Autisme Rhône Ain).
Théo PEETERS, neurolinguiste belge, dirige à Anvers un centre pilote consacré à l’autisme et assure des programmes de formation auprès de nombreuses équipes. Il est depuis longtemps un des promoteurs au niveau international des prises en charge éducatives en ce domaine.
En nous faisant partager son expérience personnelle et en faisant référence à de nombreux auteurs, qu’ils soient professionnels ou autistes de haut niveau, il a pu aborder à partir d’exemples concrets de multiples aspects de ce trouble envahissant du développement.
Théo PEETERS a insisté sur le style cognitif particulier qui est celui des autistes, avec un mode très singulier du traitement des informations : domination du domaine perceptuel et difficulté au plan conceptuel et au niveau de l’abstraction ; sensibilité au détail et incapacité à percevoir les éléments dans leur ensemble avec les relations qui les unissent… Ceci a inévitablement des incidences sur les capacités à attribuer une signification à ce qui est perçu, sur la communication avec autrui et sur la compréhension des situations sociales ; il en découle le risque de voir se développer des troubles du comportement, en lien avec ces difficultés. Ceux-ci ne constituent que la partie émergée de l’iceberg, selon une image développée par Théo PEETERS, la partie immergée correspondant aux troubles cognitifs sous-jacents qu’il importe de mieux comprendre afin de prévenir au maximum les problèmes de comportement tels que les stéréotypies ou les conduites autoagressives.
Une autre image prise pour illustrer le vécu autistique est celle d’un sujet qui se retrouverait sur un terrain de football, au milieu d’autres joueurs alors qu’il ignorerait totalement le règles du jeu. Il aurait la possibilité de s’isoler complètement et de s’extraire du jeu ; il pourrait également rester passif et ne répondre que dans une faible mesure lorsqu’il serait directement sollicité ; dans d’autres cas, il pourrait se montrer davantage actif, mais avec une conduite décalée et bizarre, de par sa compréhension très fragmentaire de la situation dans laquelle il se trouve.
Une action préventive telle qu’elle est préconisée passe par un aménagement de l’environnement du sujet autiste afin de le lui rendre plus lisible, plus compréhensible, plus prévisible. Le recours à des supports visuels est à privilégier. Il est nécessaire d’ajuster les activités qui sont proposées aux capacités de l’enfant, ce qui implique de les avoir préalablement évaluées de la manière la plus précise possible ; il convient également de s’assurer que ce qui est attendu de lui a bien été compris. Enfin, il est souhaitable d’adapter ces activités en fonction des intérêts que peut manifester l’enfant, la motivation constituant un moteur essentiel de la prise en charge.
Un autre des enseignements à retenir porte sur la place fondamentale des parents dans la prise en charge de l’enfant autiste : si les professionnels peuvent être considérés comme des experts de l’autisme, en général, les parents sont eux les meilleurs experts pour le cas particulier de leur enfant. Ce sont eux qui le connaissent le mieux, pour s’en être occupés durant des années, pour avoir appris à décrypter au fil du temps ses émotions, sa manière personnelle de communiquer… Une étroite collaboration entre parents et professionnels est donc indispensable pour répondre du mieux possible aux besoins de l’enfant et pour l’aider à progresser.
Pour des développements plus poussés autour de ces différents sujets à peine esquissés, nous ne pouvons que renvoyer au livre de Théo PEETERS "L'autisme : De la compréhension à l'intervention".
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* APAJH : Association pour Adultes et Jeunes Handicapés
** SESSAD : Service d'Education Spéciale et de Soins A Domicile