dimanche 7 mars 2010

En voie de développement (1)

La notion de développement est incontournable dans le cadre d’une réflexion sur l’enfant et la temporalité. Cela semble une telle évidence que nous courons le risque d’enfoncer quelques portes ouvertes. Acceptons ce risque.
Le développement peut se définir comme l'ensemble des transformations qui affectent les organismes vivants au cours du temps. Il est possible d’individualiser des stades du développement, soit des étapes successives que traverse un organisme au cours du temps, depuis un état initial vers un état final, par exemple depuis le naissance jusqu'à l'âge adulte.
Une des spécificités de la pédopsychiatrie réside justement dans le fait qu’elle s’adresse à un être en développement ; l’enfant ne peut être considéré comme un adulte en miniature, position que l’on qualifierait d’adultomorphique : la transposition pure et simple des concepts de la psychiatrie "adulte" à la psychiatrie 'infanto-juvénile" n’est de ce fait pas pertinente, même si existent des zones de recoupement, en particulier quand on se rapproche de l’âge adulte avec la période de l’adolescence.
Tous les faits d’observation en pédopsychiatrie (symptômes, difficultés, comportement… ) sont à rapporter à un processus dynamique, à une évolution de l’enfant dans le temps. Inexorablement celui-ci va grandir, physiquement bien sûr, en taille et en poids, c’est son développement staturo-pondéral, psychiquement également, ce qui constitue son développement au plan psychomoteur, affectif, cognitif…
En pratique, un comportement donné, selon l’âge de l’enfant chez qui il est observé, soit le moment où il survient, et selon la durée de son évolution pourra s’intégrer dans une étape normale de son développement psychoaffectif ou, au contraire, être le symptôme d’un processus pathologique. Cela peut également nous conduire à une certaine modestie dans l’appréciation que nous portons sur les résultats de nos prises en charge thérapeutiques. Quelle part avons-nous réellement dans les progrès que nous pouvons constater ? Ne sont-ils pas simplement le reflet du développement de l’enfant ?
Précisons que la notion de développement ne se réduit pas à celle de croissance ; elle recouvre différenciation, complexification, maturation… Que l’on pense à l’embryogenèse qui, d’un œuf fécondé, va conduire à la formation d’un organisme complet… Selon Haeckel, "l'ontogenèse récapitule la phylogenèse" : la formation de l'embryon récapitulerait l'histoire évolutive de l'espèce. Tout au moins elle en conserve la trace, peut-on affirmer aujourd’hui.
Que l’on pense également à la maturation du système nerveux que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer avec la constitution de réseaux neuronaux, la formation et la stabilisation de synapses et à l’inverse l’élimination des connexions non fonctionnelles, la myélinisation des fibres nerveuses…
L’immaturité du nouveau-né qui est particulièrement marquée dans l’espèce humaine entraîne une grande vulnérabilité du nourrisson et par-là même une dépendance prolongée par rapport à l’entourage qui doit lui apporter des soins appropriés. Rappelons que le développement de l’enfant est pour une part sous la dépendance de facteurs internes, des facteurs biologiques, génétiques… mais aussi pour une part non moins importante sous la dépendance des interactions de l’enfant avec son entourage, son environnement.
Autre principe très général, l’ordre des étapes à franchir dans un domaine déterminé est relativement immuable, même si d’un enfant à l’autre, le rythme avec lequel ces étapes seront franchies pourra être variable, plus ou moins rapide selon les cas sans que cela ne revête forcément un caractère pathologique. Le franchissement d’une étape va conditionner l’abord des étapes ultérieures, un défaut à un moment donné pouvant hypothéquer le déroulement du processus dans son ensemble.

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