dimanche 14 mars 2010

En voie de développement (2)

Dans la pratique la plus ordinaire de pédopsychiatre, une attention particulière est portée à l’évolution de l’enfant sur le plan psychomoteur, cognitif, affectif.
Chez le jeune enfant, certaines observations ou éléments anamnestiques vont permettre d’apprécier les toutes premières étapes de son développement et les mettre en regard de ce qui s’observe habituellement chez des enfants d’âge équivalent. Parmi bien d'autres, des diagnostics de "retard global de développement", de "troubles envahissants du développement" ou encore de "troubles spécifiques du développement" peuvent être ainsi évoqués.
Au plan psychomoteur par exemple : Comment l’enfant régule-t-il son tonus ? De quelle façon parvient-il à coordonner ses mouvements ? Quel est son mode de préhension, de déplacement ? A quel âge la marche autonome a-t-elle été acquise ?… Au plan de langage, il est utile de repérer l’apparition des premiers mots, des premières phrases, de l’utilisation du "je". L’âge d’acquisition de la propreté diurne et nocturne fait également l’objet des investigations de base du clinicien.
L’évaluation du développement de l’enfant au plan cognitif peut s'envisager en référence aux données de la psychologie génétique (ce terme renvoie ici à la notion de genèse et non à celle de gène) et en particulier aux travaux de Piaget qui individualise les classiques périodes sensori-motrice, pré-opératoire, des opérations concrètes et des opérations abstraites.
Une approche similaire au plan affectif se retrouve dans les travaux de Freud, même si la question de la temporalité dans la théorie psychanalytique ne peut se réduire à ce seul aspect. La découverte freudienne a mis l’accent sur l’importance de l’enfance dans la compréhension de ce qui se joue chez l’adulte - une part d’infantile subsiste chez le sujet tout au long de sa vie ; l’importance de la sexualité a été également mise en valeur comme élément déterminant dans la constitution de sa personnalité. L’affirmation de l’existence d’une sexualité infantile, communément admise de nos jours, n’a pas été un des moindres scandales liés à l’expansion de la psychanalyse.
Classiquement, le déploiement de la sexualité et le développement affectif afférent se font sur un mode biphasique. A une période initiale de la prime enfance, jusqu’à l’âge de six ans environ, riche au plan du développement pulsionnel, fait suite une phase de latence où s’observe en théorie une mise en veille des pulsions favorisant des occupations socialement valorisées telles que les apprentissages scolaires ou des activités de loisirs dans le domaine culturel et sportif… La puberté s’accompagne d’un réveil pulsionnel qui va aboutir, avec la traversée d’une période quelque peu critique, à l’accession à une sexualité adulte.
Différents stades de la sexualité infantile ont été individualisés par Freud, en lien avec une zone érogène déterminée et caractérisés par un mode particulier de relation à l’objet : stade oral, stade anal, stade phallique, stade génital… Les pulsions, initialement partielles, vont tendre à s’unifier sous le primat de la zone génitale ; la sexualité au départ centrée sur le sujet, autoérotique, va se tourner vers un objet extérieur… Le conflit œdipien va constituer le pivot central de ce procès.
Dans une perspective similaire, Mélanie KLEIN a décrit chez le jeune enfant la succession des positions schizo-paranoïde et dépressive, chacune se caractérisant par des mécanismes de défense particuliers : clivage de l’objet, identification projective, angoisse persécutive pour la première ; réunification de l’objet, ambivalence, angoisse de perte pour la seconde…
Aux notions de stade libidinal ou de position se rattachent celles de fixation et de régression ; à un stade donné est corrélé un type de personnalité ou un type de pathologie. Tout ceci est archi connu et il n’est nul besoin d’y insister.

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