dimanche 23 novembre 2008

Mega top, les neurones… hyper branchés !

La plasticité cérébrale conduit à aborder des notions quelque peu techniques, mais le sujet est passionnant et, de notre point de vue, difficile à ignorer en ce début du XXIe siècle. Les médias font régulièrement état des découvertes les plus récentes dans le domaine des neurosciences, des articles sur ce thème se multiplient dans les magasines, des émissions de télévision y sont consacrées… L’honnête homme d’aujourd’hui ne peut le méconnaître, encore moins l’honnête psychiatre ou tout honnête soignant exerçant dans cette discipline, sinon à courir le risque qu’une telle attitude participe d’une forme d’obscurantisme.
Au cours de l’embryogenèse, les neuroblastes donnent naissance aux neurones qui viennent se positionner là où ils le doivent et en particulier au niveau du cortex cérébral. Suite à la prolifération des cellules nerveuses et à leur migration vers leur emplacement définitif dans le cerveau, on assiste au développement des dendrites et de l’axone. Chaque neurone est en effet composé d’un corps cellulaire, de dendrites et d’un axone ; la fonction qui sera la sienne dépend de sa localisation et des connexions qu’il établit avec les autres neurones. Ces connexions se font au niveau des synapses : les dendrites correspondent à la zone réceptrice du neurone tandis que l’axone correspond à la zone émettrice ; ce dernier, de dimension variable, peut mesurer jusqu’à plusieurs dizaines de centimètres, une taille gigantesque en comparaison de celle du corps cellulaire ; c’est le cas par exemple des neurones du cortex moteur qui sont reliés au motoneurones de la moelle épinière.

L'homme neuronal - J.P. CHANGEUX
L’une des premières difficultés consiste en ce que l’axone puisse atteindre sa cellule cible. Pour cela, le cône de croissance de l’axone est en quelque sorte guidé par des signaux chimiques qui lui permettent d’atteindre sa destination finale. S’ensuit l’étape de la synaptogénèse : les premiers contacts synaptiques simples apparaissent au cours du cinquième mois de gestation ; le développement synaptique se fait de manière extensive dans toutes les régions du cerveau au cours du septième mois et se poursuit après la naissance, avec une densité synaptique maximale entre six et douze mois.
L’étape suivante ne peut se concevoir qu’en ayant à l’esprit le caractère redondant du système neuronal à ce stade de connectivité maximale, soit l’existence d’un surnombre de neurones et de connexions synaptiques : 60% des synapses seront éliminées quand le cerveau arrive à maturité à l’âge adulte. La théorie de la stabilisation sélective des synapses de J.P. CHANGEUX renvoie à deux phénomènes : la disparition de certains axones par la mort du neurone, phénomène dit d’apoptose, et la stabilisation de certaines connexions synaptiques au détriment d’autres qui vont au contraire régresser. C’est l’activité des neurones qui va ainsi sélectionner les circuits neuronaux les plus efficients : seules seront conservées les connexions synaptiques intégrées dans un circuit neuronal fonctionnel. Le fonctionnement du système nerveux va donc avoir un impact direct sur sa structure, dans un processus d’auto organisation largement déterminé par les interactions de l’organisme avec son environnement.
Cette présentation est bien évidemment extrêmement simplifiée, mais nous l’espérons suffisante pour notre propos. Il en ressort entre autre que la théorie du frayage avancée par FREUD se trouve bel et bien confirmée par les données actuelles de la science, qu’elles soient tirées de l’expérimentation animale ou de l’imagerie cérébrale chez l’être humain.
Pour terminer, il faut encore rajouter que la plasticité cérébrale se manifeste de façon éclatante dans les phases précoces du développement, au cours des premières années de la vie, mais qu’elle se poursuit jusqu’à la maturité complète du système nerveux après l’adolescence et même au-delà, chez l’adulte, tout au long de la vie. La plasticité cérébrale est en effet essentielle dans les phénomènes liés à la mémoire et aux apprentissages. Elle permet également de compenser certains dysfonctionnements résultant de lésions du système nerveux. Tout récemment, il a été démontré que de nouveaux neurones pouvaient se former chez l’adulte, alors qu’il était couramment admis jusqu’ici que le stock de neurones était constitué à la naissance et qu’il ne faisait que diminuer, avec l’avancée en âge…
Tout ceci ne peut que nous inciter à faire un bon usage de notre cerveau, en évitant de trop le laisser se ramollir…

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