dimanche 13 février 2011

Correspondance

Février 2011 - Extrait d'un courrier adressé à un collègue psychiatre intervenant dans un institution accueillant des enfants placés et concernant un jeune garçon, M., âgé de 11 ans :

" M.[...] a bénéficié d’un suivi dans le cadre du Centre médico-psychologique de [...] ainsi que de diverses mesures de placement et d’aide éducative.
J’ai eu l’occasion de le voir en consultation dans le cadre du service de Pédiatrie durant l’année 2010, la mère ayant rompu le contact avec la psychologue du CMP qui s’occupait de lui depuis plusieurs années.
Je tenais à vous faire part de ma grande inquiétude vis-à-vis de l’évolution de ce garçon depuis le dernier contact que j’avais eu avec lui, au début du mois de décembre, sachant qu’est intervenue dans l’intervalle une mesure de placement judiciaire dans des conditions particulièrement difficiles.
Une très vive tension émotionnelle est perceptible ce jour chez M. ; il tient des propos peu cohérents, sur un mode délirant à thème de persécution : sa mère court un grand danger et il doit aller la retrouver pour la protéger… Le nouveau compagnon de la mère est présenté tantôt comme un personnage tout-puissant et bénéfique, tantôt malveillant… La conviction attachée à ces propos semble forte et l’intensité de la participation affective peut faire craindre un passage à l’acte à type de fugue ou de geste suicidaire, d’autant que M. a commencé à élaborer des scénarios… 

Cet enfant présentait certes des troubles de la personnalité, mais je n’avais jamais été confronté jusqu’ici à un tableau clinique de ce type. Il est à souhaiter que la reprise des contacts avec la mère permette une réduction des troubles en atténuant le caractère fortement traumatique de la mesure de placement. Son traitement actuel est le suivant
- RISPERDAL (solution buvable) : 0,50 mg matin et soir
- TERCIAN (solution buvable) : 20 gouttes le soir + 10 gouttes dans la journée en cas de crise
un traitement qu’il y aura peut-être lieu de réajuster.
La décompensation psychologique actuelle de ce jeune garçon me paraît réclamer la plus grande vigilance et le cas échéant des mesures thérapeutiques plus importantes avec peut-être un temps d’hospitalisation en service spécialisé, étant précisé que la nature des difficultés de M. et les troubles du comportement associés ne permettent pas d’envisager un séjour dans le service de pédiatrie".

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