mardi 26 août 2008

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les neurosciences sans jamais oser le demander

Le titre est un peu racoleur, je le concède, et mon propos a une ambition bien plus limitée. Ce détour par les développements actuels autour des neurosciences me paraît toutefois des plus utile. Trop souvent, tout ce qui se rapporte aux neurosciences, à la neuropsychologie, aux approches cognitives ne suscite que des réactions négatives si ce n’est franchement hostiles de la part de ceux qui se réclament d’un point de vue psychodynamique, en référence à la psychanalyse freudienne. Il est vrai que l’extension de ces nouvelles branches de la psychologie vient d’une certaine manière faire ombrage aux pratiques se réclamant de la théorie psychanalytique et qu’elle peut dans certains cas alimenter des violentes critiques contre elles (cf. «Le livre noir de la psychanalyse»). Mais il serait dommage de ne voir dans les neurosciences qu’une théorie concurrente de la psychanalyse, de considérer qu’il y aurait une opposition irréductible entre les deux, qu’il y aurait les bons d’un côté et les méchants de l’autre. Il me semble bien préférable de sortir d’une telle vision manichéenne, de dépasser les clivages profondément ancrés dans les esprits entre ce qui relève du psychisme et ce qui relève du somatique en tentant d’examiner le plus sereinement possible tous les questionnements qui peuvent surgir de la confrontation des deux types d’approche.
Plusieurs points me paraissent importants à souligner, en préambule.
En premier lieu, il faut se souvenir que Freud, avant de découvrir la psychanalyse, a une formation de neurologue et que certains de ces travaux portent la marque de cette formation initiale. A bien des égards, certaines des hypothèses qu’il a pu formuler concernant le fonctionnement de l’appareil psychique constituent des préfigurations tout à fait remarquables de ce que la neurologie aujourd’hui munie de moyens d’investigation inimaginables un siècle en arrière est en mesure d’affirmer concernant le fonctionnement cérébral. Personnellement, je suppose que, s’il pouvait revenir en ce début du XXIe siècle, Freud ne serait sûrement pas indifférent aux développements dans le domaine des neurosciences. Il avait d’ailleurs tout à fait envisagé que des réponses scientifiques puissent être apportées sur le fondement somatique de ce qu’il décrivait au plan psychologique, sans considérer pour autant que cela ne vienne remettre en cause l’édifice théorique qu’il était en train d’élaborer. Il est difficile de nier que la théorie psychanalytique, même si elle s’est détachée de la neurologie en constituant un champ qui lui est propre, garde en elle la trace de ses origines et il est tout aussi difficile de soutenir qu’elle ne puisse être nullement concernée par les avancées d’un domaine auquel elle a été consubstantiellement liée.
Le second point de ce préambule concerne précisément ces travaux actuels dans le domaine des neurosciences : dès que l’on s’intéresse quelque peu à ce sujet, on découvre la richesse tant des publications scientifiques que des ouvrages de vulgarisation sur ces questions… C’est à ces derniers que l’on peut faire aisément référence et la seule lecture des auteurs les plus connus permet de se départir des visions trop caricaturales que l’on pouvait s’être forgé concernant ces disciplines.
Il est aisé de constater que les acquis actuels en neuropsychologie ne conduisent nullement à une vue étroitement réductrice du fonctionnement mental et qu’ils vont même à l’encontre d’un déterminisme biologique strict en laissant une grande place à l’aspect émotionnel, affectif, relationnel, environnemental, social, culturel… La surprise peut venir encore du constat que les scientifiques en ce domaine n’hésitent pas à engager le dialogue avec les philosophes sur les grandes questions touchant à l’être humain et qu’au détour d’un paragraphe ils vont jusqu’à s’interroger sur des questions d’ordre éthique, des préoccupations chères aux psy. dont ils n’ont cependant pas le monopole.
Sans se cacher la difficulté de la tâche liée à la fois à la complexité des rapports entre psychanalyse et neurosciences et au caractère très polémique que cette question peut prendre, je vous propose un parcours entre ces deux domaines au travers de différentes lectures…

Aucun commentaire: