samedi 15 octobre 2011

Temps et autisme - Introduction

La clinique de l’autisme décrite depuis de nombreuses années s’affine de plus en plus. La connaissance de ses soubassements neuropsychologiques progresse également et permet une meilleure compréhension de cette pathologie et conséquemment la mise en œuvre de prises en charge diversifiées et adaptées. Le traitement de l’information est reconnu comme fondamentalement différent chez l’enfant autiste : il est possible que, pour une part, cette différence puisse être rapportée à des difficultés ou des singularités dans l’appréhension qu’il peut avoir du temps.
La description princeps de l’autisme faite par Kanner soulignait déjà le besoin d’immuabilité, comme si le temps devait se figer… L’incapacité à anticiper constitue un des facteurs participant aux difficultés d’adaptation des autistes et l’éducation structurée a dans ses principes fondamentaux le fait d’aménager l’environnement de l’enfant afin qu’il soit davantage compréhensible et prévisible. Les échanges avec autrui impliquent de nombreux mécanismes subtils d’ajustement parmi lesquels la synchronisation des interactions joue un rôle essentiel…
Ainsi, il nous semble utile d’être mieux à même de caractériser les particularités de la perception et du vécu du temps chez les autistes, tout en soulignant les liens pouvant exister entre ces difficultés et d’autres pouvant s’observer dans d’autres domaines, en particulier dans celui de la communication, des interactions sociales, du langage…
A la lumière de ces connaissances, il peut être intéressant de reconsidérer les outils couramment utilisés dans les prises en charge pour travailler sur la question de la temporalité (emploi du temps dans ses différentes formes, time timer, travail sur la chronologie et le rythme…) et éventuellement d’en imaginer de nouveaux.
Il est ensuite incontestable que l’ensemble de nos prises en charge, quels qu’en soient les objectifs et les modalités, s’inscrivent dans une certaine temporalité et qu’il peut être utile de se questionner sur ce point. L’enfant autiste a à s’adapter au rythme de l’institution assurant son accompagnement éducatif et ses rééducations. Cette institution est soumise en elle-même à de nombreuses contraintes sociales : horaires de travail des professionnels, rythme sur l’année scolaire… Par ailleurs, elle ne travaille pas isolément et doit s’articuler avec d’autres institutions et tout particulièrement l’école, ce qui est source de nouvelles contraintes sur l’organisation des soins… Le processus de socialisation implique certainement que l’autiste puisse intégrer un certain nombre de rythmes imposés par la société, mais peut-être qu’à certains moments, les contraintes de cet ordre sont démesurées et débordent largement ses capacités d’adaptation.

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